Portrait : Edmond Papinot, curé, architecte et géographe

Abbé Edmond PAPINOT (1860-1942) Missionnaire au Japon 1886-1911 ; curé de Touches puis de Givry, 1913-1919 ; missionnaire à Hong Kong 1920-1927. Auteur du Dictionnaire d’Histoire et de Géographie du Japon (1906), Lauréat de l’Académie Française. A l'occasion du 150e anniversaire de sa naissance, René Jeannin-Naltet, nous propose ici la biographie de l'éminent missionnaire.

Edmond Papinot naquit à Chalon-sur-Saône le 8 novembre 1860. Ayant perdu successivement ses deux parents et sa grand-mère qui l’avait recueilli, avec ses deux sœurs ils furent alors reçus par une cousine, Marie Rinder, qui désormais, devait leur servir de mère. Il fit ses études primaires chez les Frères des Ecoles chrétiennes de Chalon. De là, il passa à l’Ecole nationale des Arts et Métiers d’Aix en Provence pour y suivre les cours pendant trois ans, jusqu’en 1879. Sa mère adoptive semblait attentive à sa vie religieuse puisque dans une lettre du 21 septembre 1885, elle écrit. « …J’avais si peur, dit-elle, qu’il perdît la foi dans ce mauvais établissement, que ma correspondance et toutes mes prières tendaient à une seule chose : le voir rester chrétien pratiquant... ».

Il entra, alors, au petit séminaire de Rimont en Saône-et-Loire pour y achever ses études secondaires classiques, et il en sortit en 1881 après avoir brillamment passé son baccalauréat ès sciences. La même année il entra au grand séminaire d’Autun.. Dès le début de ses études théologiques, Edmond Papinot exprima le désir de devenir missionnaire ; mais sa santé fort précaire, semblait être un empêchement à la réalisation de son projet. Son directeur, tout à fait disposé cependant à l’orienter vers les missions, hésitait ; le jeune séminariste avait le cœur malade, et de fréquents maux de tête l’obligeaient souvent à interrompre ses études. 

Le médecin du séminaire des Missions-Étrangères, consulté, déclara que maux de tête et troubles cardiaques étaient causés uniquement par la vie sédentaire. Edmond Papinot était, à son avis, fait pour la vie au grand air ! Il pouvait donc entrer aux Missions-Étrangères. Le Supérieur, rassuré, accepta le séminariste qui entra diacre au séminaire le 19 septembre 1885. Un an après, le 26 septembre 1886, il fut ordonné prêtre. Le 1er décembre, il partait pour la Mission du Japon septentrional, comprenant alors la moitié nord du Japon.

Eglise d'Azabu à Tokyo, construite par
E. Papinot en 1889
http://www.tokyo.catholic.jp/text/eng/churches/azabu.htm
Le poste éloigné de l’île de Sado fut le lieu où il débuta, mais il ne tarda pas à être rappelé à Tokyo où il travailla en second dans le district d’Asakusa et, plus tard, comme titulaire dans celui de Kanda. Les Missions du Japon étaient toutes de date récente et, à l’arrivée de M. l’abbé Papinot, elles ne comptaient encore que très peu d’édifices dignes du nom d’ « église ». En 1891 la Mission du Japon septentrional fut divisée en deux Vicariats, celui de Tokyo et celui de Hakodaté, qui furent élevés deux mois après, le 15 juin 1891, l’un au rang d’archidiocèse et l’autre au rang de diocèse. Edmond Papinot resta attaché à l’archidiocèse de Tokyo. Ses aptitudes naturelles et les connaissances qu’il avait acquises à l’Ecole des Arts et Métiers d’Aix trouvèrent ainsi leur emploi dans la construction de plusieurs églises gothiques admirées par la population. Bâtir en un style totalement inconnu des Japonais était très difficile. Ses principales réalisations furent les églises de Tokyo, Hakodaté, Kanda, (aujourd’hui une des paroisses de Tokyo), Yamaté (actuellement cathédrale du diocèse de Yokohama) et de Yokohama. Eprouvé par ses nombreuses activités, Edmond Papinot obtint, en 1905, d’être déchargé de la communauté chrétienne de Kanda pour se consacrer uniquement au poste moins pénible de Wakaba chô à Yokohama.




Tout à fait intégré et imprégné de culture locale, il rédigea, entre temps, son monumental : « Dictionnaire d’histoire et de géographie du Japon ». Edité en 1906 à Tokyo (992 pages, 300 illustrations, cartes et gravures). Ce travail d’érudition fut couronné par l’Académie Française. Il fut réédité en 1927, 1972 et 1976 ( ISBN 0220-000281-4615) (*) Très fatigué, il rentra en France et revint chez sa cousine à Chalon sur Saône puis à Mellecey pour quelques mois.

Pendant ce temps, l’archidiocèse de Tokyo avait perdu Mgr Mugabure, mort le 27 mai 1910, et remplacé par Mgr Bonne. Edmond Papinot se croyant suffisamment rétabli retourna alors dans sa Mission pour y travailler sous la direction du nouvel archevêque qui mourut, hélas ! sept mois après. Mais ayant trop présumé de ses forces, moins d’un an après son retour au Japon, il dut rentrer en Europe. Arrivé en France le 21 novembre 1911, constatant qu’il ne pouvait plus travailler au Japon, il quitta la Société des Missions-Étrangères pour prendre du service dans son diocèse d’origine. Curé de Touches en 1913, (Touches est maintenant commune de Mercurey), il écrit l’histoire de son église et du château de Montaigu, publié en 15 épisodes dans le « bulletin catholique du Val d’Or et de la Vallée des Vaux » entre avril 1913 et juillet 1914.

Il fut nommé curé-archiprêtre de Givry, où il fonda en 1914 un bulletin paroissial intitulé : « Echo de Notre-Dame de Varange » et il administra cette paroisse cinq années durant. Ses paroissiens apprécièrent son soutien pendant cette période de la « grande guerre », notamment à la viticulture grâce, entre autres, à la confrérie Saint Martin de Touches, société de secours mutuel. Les villageois admiraient sa vaste culture et sa barbe typique des missionnaires d’Orient. En 1919, à la fin des hostilités, un de ses anciens amis du Japon, démobilisé et retournant dans sa Mission, passa à Givry et engagea très vivement Edmond Papinot à reprendre sa vie de missionnaire. Il acquiesça au désir de son ami et demanda sa réadmission dans la Société des Missions-Étrangères. Le Supérieur accueillit favorablement sa demande dans la séance du Conseil du 17 novembre 1919 et décida d’utiliser ses talents à la maison de « Nazareth » à Hong-Kong. Il fut nommé membre de cet Etablissement le 18 mars 1920.

Peu après son arrivée à Hong-Kong, l’Assemblée générale qui s’y tint prit la décision de fonder un Bulletin destiné à servir de trait-d’union entre tous les membres de la Société. Ce travail fut confié à Edmond Papinot qui publia un périodique vivant, intéressant et bien conçu. En 1925, il fut chargé par intérim du Supériorat de Nazareth. La charge était trop lourde pour sa faible santé et il se vit bientôt obligé de reprendre le chemin de la France où il débarqua le 6 juin 1927.

Image nécrologique d'Edmond Papinot
Le 30 octobre suivant, il accompagnait à Rome le Supérieur général Mgr de Guébriant, pour assister au sacre de Mgr Janvier Hayasaka, premier évêque de nationalité japonaise, que S.S. Pie XI tint à sacrer elle-même. De retour à Paris, il fut chargé des « Annales de l’Œuvre des Partants » et des archives du séminaire. Durant l’hiver de 1939, sentant ses forces décliner, il partit s’installer à la procure de Marseille puis en 1941 au Sanatorium St-Raphaël, à Montbeton où il mourut le 21 novembre 1942. René Jeannin-Naltet Edmond Papinot avait été précédé au Japon par un autre Bourguignon de la côte chalonnaise, le capitaine du Génie Albert Jourdan qui, lors de 3 séjours (1866-1878) dans la région de Tokyo, participa à la construction de nombreux bâtiments. Albert Jourdan épousa en 1879, à Touches, Marthe Menand et, devenu Général, fut enterré à Mercurey.

René Jeannin-Naltet

Bibliographie : Archives des Missions Etrangères de Paris ; 128 rue du Bac 75007 Paris. Mercurey : “Histoires, Contes et Légendes” par Paul Jeannin-Naltet (1985) - Illustration : page de garde du « Dictionnaire d’histoire et de géographie du Japon ». (M.A. suivant le nom de l’auteur signifie : Missionnaire Apostolique). (*) disponible en livre d’occasion sur les sites « Amazon.fr » ou « AbeBooks.fr » à partir de 40 euros.

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